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Le Rissori



Rissouris pour les habitants du lieu - est un petit ruisseau qui prend sa source à Masnuy Saint Jean, à l'est de la Chaussée Brunehault, en bordure du bois d'Hasnon. Après avoir traversé la Chaussée Brunehault, puis le Chemin du Prince, il descend à travers bois et bruyères une pente qui le mène vers la Haine. Cette pente, assez rude, s'explique par la présence en sous-sol d'un gisement de silex particulèrement dur connu sous le nom de 'meulière'. Cette roche doit son nom au fait que, pendant très longtemps, elle a servi à fabriquer des meules permettant de moudre les matières les plus dures. Les indigènes ont d'ailleurs baptisé fort justement cet endroit 'Le Roc'.

Le gisement de silex s'étend sur plusieurs kilomètres (Obourg, Saint Denis, Maisières, Masnuy Saint Jean, Erbisoeul) et est responsable des fortes dénivellations de la route d'Ath, de la Chaussée Brunehault, de la côte de Maisières, etc. Aujourd'hui, il y a encore une carrière de silex qui est exploitée à Maisières. Mais autrefois, on pouvait trouver d'autres exploitations à Obourg, Saint Denis et à Masnuy Saint Jean. Mais qu'entendons-nous par 'autrefois' ? C'est ce que nous allons voir ci-après.

En 1953, à l'occasion de travaux de terrassement au lieu-dit Le Rissori à Masnuy Saint Jean, L.Letocart, de la Société de Recherches Préhistoriques en Hainaut (S.R.P.H.), remarqua parmi les déblais la présence de matériel paléolithique. Le gisement fit l'objet d'une première campagne de fouilles dans les années soixante. Les premiers résultats parurent dès 1973 : A. Adam, A. Tuffreau, Le gisement paléolithique ancien du Rissori à Masnuy-Saint- Jean (Hainaut, Belgique) .

Plusieurs autres campagnes de fouilles eurent lieu entre 1985 et 1992, sous l'impulsion de A. Adam, et permirent la découverte de deux cent deux pointes pseudo-Levallois réparties dans quatre séries moustériennes successives étalées sur quelque 200 à 300.000 ans.

En 1991, A. Adam exposa le résultat de ses travaux sous le titre Le gisement Paléolithique moyen du Rissori à Masnuy-Saint-Jean (Hainaut, Belgique): premiers résultats, puis en décembre 2002, dans L'anthropologie. Un résumé plus complet des travaux de A. Adam est paru dans le Bulletin d'information no2 de la Société de Recherches Préhistoriques du Hainaut (mars 2005) et peut être téléchargé gratuitement (au format PDF) sur le site minesdespiennes.org.

En 2006, la collection du Rissori étudiée par André Adam a fait l'objet d'un prêt, par convention bilatérale, à l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, rue Vautier, 29, 1000 Bruxelles.

Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus...

L'objet de référence, la polygonale typique à cinq côtés et plus, est une variété asymétrique d'éclats débordants possédant, contrairement aux débordants «classiques», leur propre plan de frappe dont l'obliquité différencie les trois catégories: polygonales typiques, polygonales atypiques et classiques subtriangulaires.
Le schéma opératoire, commun à toutes les catégories, donne au débitage des éclats standardisés, épais et larges.
Les pointes pseudo-Levallois typiques (polygonales et classiques de type A) présentent deux côtés épais: le talon et le côté débordant remanié concave, lequel correspond au débordement partiel du plan de frappe actif d'un nucléus Levallois récurrent uni- ou bipolaire.
Leur fonction réside dans le réaménagement de convexités latéro-longitudinales (distales ou proximales) que les procédés habituels ne peuvent que difficilement couvrir en raison de l'importance et de l'étalement du volume de matière à dégager.
Pointes typiques, polygonales et classiques, s'intègrent parfaitement au système Levallois; leurs parcours accusent de nombreuses similitudes, tout en soulignant une origine et une évolution antésaaliennes. La pointe pseudo-Levallois apparaît ainsi comme un produit à vocation technologique, révélateur du réaménagement d'une convexité latéro-longitudinale; elle confirme en outre la présence d'un débitage Levallois récurrent uni- ou bipolaire à lames ou à éclats le plus souvent allongés.

(Le résumé ci-dessus a été pulié en 2002 sur le site de Science Direct, - et n'est plus accessible aujourd'hui en ligne - d'après l'article paru dans L'Anthropologie)

Paléolithique : Première période de la préhistoire, caractérisée par l'apparition puis le développement de l'industrie de la pierre, et par une économie de prédation.
S'étendant du quaternaire (3 millions d'années) à l'holocène (Xe millénaire), le paléolithique est divisé en trois phases (inférieure, moyenne et supérieure) selon les degrés de complexité de l'outillage. En France, les principaux faciès du paléolithique sont : l'abbevillien, l'acheuléen, la technique Levallois, le moustérien, le châtelperronien ou périgordien ancien, l'aurignacien, le gravettien, le solutréen, le magdalénien. Le paléolithique supérieur est marqué par l'apparition de l'Homo sapiens sapiens et par la production d'objets à caractère artistique. © Larousse.

Moustérien : Se dit d'un faciès culturel du paléolithique moyen caractérisé par des pointes triangulaires et des racloirs obtenus par des retouches d'éclats sur une seule face (70000-35000 av. J. -C.). © Larousse.

Levallois : Technique de débitage de la pierre du paléolithique moyen, caractérisée par une préparation du nucléus qui permet d'obtenir des éclats d'une forme prédéterminée. (La technique Levallois représente l'un des aspects de l'industrie moustérienne.) © Larousse.

Emile Pequet

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