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Historique du camp de prisonniers d'Erbisoeul

A la mémoire d'Odon Vanderkel

Coll. de l'auteur

Ce que raconte l'Histoire n'est, en effet, que le long rêve, le songe lourd et confus de l'humanité.

A. Schopenhauer

Telle était la dédicace écrite par Odon Vanderkel quand il m'a offert son ouvrage sur Erbisoeul et sa petite histoire.Le texte que je présente ci-après n'est pratiquement rien d'autre que la partie qu'Odon avait consacrée au camp de prisonnier CCPWE 26 dans son livre. Je n'ai fait qu'y ajouter quelques menus détails, quelques illustrations.Puisse le lecteur qui passera sur ces pages se souvenir de l'homme jovial qu'il était et dont j'ai eu la chance d'être l'ami.

Emile Pequet




Au lendemain de la défaite du IIIe Reich face aux armées alliées, on ne comptait pas moins de 195.000 soldats allemands prisonniers de guerre sur le territoire de la Belgique. Ils étaient principalement sous la surveillance des Anglais qui avaient installé, pour les héberger, treize camps :
2 dans la province d'Anvers, à Anvers (POW 2225) et Brasschaat (POW 2223) ;
2 dans la province de Hainaut, à Enghien (POW 2231 et POW 2375) ;
4 dans la province de Flandre occidentale, à Jabbeke (POW 2224) et Zeldegem (POW 2226, POW 2227 et POW 2229), tous les quatre à proximité de Brugge [Bruges] ;
1 dans la province de Flandre orientale, à Kluisbergen, près de Ronse [Renaix] (POW 2232) ;
4 dans la province de Brabant, à Overijse (POW 2228) et Vilvorde (POW 2218, POW 2281 et POW 2230).
Les Américains, quant à eux, avaient établi deux camps de prisonniers :
L'un à Namur (US LG CCPWE 18) et l'autre à Erbisoeul (US LG CCPWE 26).

Source : www.clham.org/050520.htm#Les P(0)W   (monsieur Pirnay)
J - CAGE

C'est évidemment ce dernier qui nous intéresse ici. Il avait à la fin avril 1945 une capacité de 20.000 places et le campement était exclusivement constitué de tentes, sauf l'état-Major : les officiers américains s'étaient installés au château Van Derton. En fait, le camp CCPWE 26 n'était pas à Erbisoeul, mais à Ghlin, s'étendant sur près de quatre-vingt hectares de part et d'autre du chemin traversant le bois de Ghlin, allant de la chapelle du Moulineau vers Erbisoeul. Ce chemin porte le nom de chemin d'Erbisoeul, d'où la confusion. De plus, le transit se faisait principalement à partir de la gare d'Erbisoeul-Brûlotte ; cela ne pouvait que renforcer l'idée que le camp se trouvait à Erbisoeul (voir le plan en annexe 2).

Source : http://home.arcor.de/kriegsgefangene/belgium/zeichnungen1.html En ce début 1945, le Belgique n'échappait pas à la règle : l'économie était au plus bas et le pays manquait cruellement de bras, principalement dans les charbonnages. Le gouvernement eut alors - comme toujours ! - une idée lumineuse : demander aux Alliés de leur fournir des prisonniers allemands pour remplacer la main d'oeuvre manquante. Nos ministres s'adressèrent donc aux Anglais qui acceptèrent et sélectionnèrent parmi les prisonniers qui se trouvaient dans leurs camps 10.300 hommes qui avaient travaillé dans les mines en Allemagne avant la guerre. Ils furent envoyés dans les charbonnages du Limbourg et, le 12 mai 1945, on ouvrit les camps de Eisden, Houthalen, Waterschei et Zwartberg, pouvant accueillir chacun 3.000 prisonniers, sauf celui de Houthalen qui n'en comptait que 1.300 [A noter que d'autres camps furent encore ouverts dans le Limbourg quelques mois plus tard : Zolder, le 3 août, avec une capacité de 1.500 places, Beringen, le 8 août, avec 1.800 places et Winterslag, le 15 août, 1.700 places.] . Le résultat fut à la mesure des espérances car ces hommes étaient heureux de retrouver leurs activités d'avant guerre. Fort satisfaits de cette expérience, nos ministres renouvelèrent leur demande pour pouvoir répondre aux besoins des charbonnages wallons. Cette fois, ils s'adressèrent aux Américains pour leur demander 30.000 prisonniers ; ceux-ci s'empressèrent d'accepter, voyant dans cette demande l'occasion de se débarrasser du CCPW 26 d'Erbisoeul. Comme il n'y avait que 20.000 prisonniers dans ce camp, ils firent venir des prisonniers d'Italie, des états-Unis et de pays d'Europe occidentale, surtout des Yougoslaves. Mais parmi tous les hommes qui arrivèrent, il y en avait environ 11.000 inaptes à travailler dans les mines ! Une nouvelle demande fut alors introduite, de nouveau auprès des Anglais, pour 15.000 prisonniers supplémentaires. Les arrivages s'étalèrent jusqu'à la fin de l'année 1945. Au total, plus de 52.000 prisonniers ont travaillé dans les mines de Wallonie et ils ont presque tous transité par Erbisoeul. Dès les premiers jours, des fiches individuelles ont été tenues à jour pour chaque homme entrant au camp, ne serait-ce que vingt-quatre heures. Cela constitue une importante source d'informations sur les prisonniers qui sont passés au POW 26 .
Pour garder ce camp, qui fut le plus important camp de prisonniers en Belgique, le 12e groupe d'armées américain avait à sa disposition le 35e bataillon de Fusiliers qui avait été placé sous leur commandement dès sa formation, le 20 avril 1945, à Péruwelz. La troupe, fournie par les bureaux de recrutement de Verviers et de Liège, était encore à l'instruction le 8 mai, au moment où l'armistice avait été signé. Un bataillon de Fusiliers se composait, en théorie, comme suit : 
- 28 officiers ;
- 104 sous-officiers ;
- 669 caporaux et soldats (dont un aumônier).
Soit au total 801 hommes. 

Source : http://home.arcor.de/kriegsgefangene/belgium/zeichnungen4.html Le 27 juillet 1945, arrivèrent donc à Erbisoeul, le Lieutenant-Colonel Daubechies et le Capitaine-Commandant Dewasmes, qui avaient pour mission la reprise du camp de CCPWE 26 aux autorités américaines. Fort heureusement, les Américains laissèrent à leur disposition douze ‘cages' - les plus petites pouvant recevoir 1.500 prisonniers, les plus grandes jusqu'à 4.000 - réparties de part et d'autre du chemin, les tentes qui s'y trouvaient, ainsi que le matériel de casernement et le couchage. De même, ils cédèrent toute l'installation électrique et la pompe qui permettait d'alimenter un château d'eau à partir du ruisseau du Moulineau. Et surtout, ils abandonnèrent un important stock de vivres - quelque 900.000 rations journalières - ce qui laissa au Lieutenant-Colonel Daubechies un peu de répit pour mettre son organisation sur pied. Quant au 35e Bataillon de Fusiliers, il avait pris son casernement au camp militaire de Casteau.

Coll. de l'auteur

Pendant les deux semaines qui ont suivi la reprise, le bataillon a d'abord été sous le commandement du 21e groupe d'armées britannique en Belgique, puis il est devenu totalement indépendant dès le début août. Rattaché à la 17e Brigade des Fusiliers, il a été incorporé dans le commandement régional du Borinage. La première situation d'effectifs en prisonniers de guerre a été établie le 28 août 1945 : elle indiquait que le camp hébergeait à ce moment-là 13.044 prisonniers. 
Source : http://home.arcor.de/kriegsgefangene/belgium/zeichnungen1.htmlMaintenir autant d'hommes inoccupés allait évidemment à contre sens du but poursuivi puisque c'était autant de bouches inactives à nourrir ; de plus, il arrivait chaque jour de nouveaux convois de prisonniers. Il convenait donc de les mettre le plus vite possible au travail. Dès la fin du mois d'août, des transports ont été organisés vers les mines du Borinage, du Centre et de Charleroi, directement à partir du camp d'Erbisoeul, en attendant que de nouveaux camps soient aménagés à proximité des charbonnages. Le charroi mis à disposition par le Ministère des Affaires économiques s'avérant nettement insuffisant, il a fallu faire appel à des camions civils. Puis, ce sont des trains spéciaux qui ont dû être mis en service trois fois par jour pour conduire les prisonniers-mineurs sur leur lieu de travail et les ramener. Le 29 août, le camp de Chapelle-lez-Herlaimont fut opérationnel, mais il ne pouvait accueillir que 400 hommes, ce qui ne désengorgea que très peu le P.O.W 26. Heureusement, le 3 septembre, cinq camps s'ouvrirent dans le Borinage : Tertre, Hensies, Boussu, Wasmes et Flénu ; ils offraient respectivement 800, 1.300, 1.100, 1.700 et 3.000 places, soit au total 7.900 places. A la même date, près de Charleroi, les camps de Fontaine-l'Evêque (2.000 places), Marchienne-au-Pont (2.100), Lodelinsart (1.200), Marcinelle (1.100), Fleurus (1.600) et Châtelineau (4.500) furent opérationnels, suivis deux jours plus tard par l'ouverture de ceux de la région du Centre : Maurage (4.000), Ressaix (1.000) et Mariemont (1.500). Erbisoeul se voyait donc soulagé, en quelques jours, de 19.000 prisonniers. Bien entendu, les tranferts vers les nouveaux camps ne se sont pas faits en un jour et la situation est restée critique pendant quelque temps encore. De plus, les arrivées de nouveaux pensionnaires étaient presque quotidiennes. Ainsi, par exemple, le 12 septembre 1945 au matin, on vit passer à la gare d'Erbisoeul-Brûlotte 3.750 prisonniers en partance vers les charbonnages et une arrivée de 3.000 nouveaux prisonniers ! Plus jamais depuis cette petite gare n'a connu une telle affluence !

Source : www.clham.org/050520.htm#Les P(0)W   (monsieur Pirnay) A un certain moment, les effectifs du 35e Bataillon de Fusiliers avaient été insuffisants pour encadrer le nombre toujours croissant de mouvements des prisonniers, il avait alors été fait appel au renfort du 36e Bataillon de Fusiliers qui était alors caserné à Mons.
Le 36e Bataillon de Fusiliers a été formé à Champion le 20 avril 1945. Le 2 août 1945, il est administrativement rattaché à la 19e Brigade de Fusiliers et est mis à la disposition du 21ème groupe d'armées britannique. Le bataillon se déplace à Wespelaar et à Mons. Le 10 Novembre 1945, il est administrativement rattaché à la 10ème Bri-gade de Fusiliers. Le 35e Bataillon le sera également le 1er décembre suivant. Ils seront tous deux dissous le 31 Mars 1946 ; les effectifs passent alors au C.R.C.P. Borinage. Le 36e Bataillon de Fusiliers fut placé successivement sous le commandement du Major KRACK, depuis sa création jusqu'au 22 Novembre 1945, et du Major VELGHE du 22 Novembre 1945 jusqu'à sa dissolution.

Une fois le transfert vers les autres camps terminé, la destination du camp d'Erbisoeul s'est modifiée ; il est devenu la plaque tournante de tous les camps de Belgique. C'est vers Erbisoeul que l'on dirigeait de nombreux prisonniers inaptes au travail dans les mines. Leur nombre en fin septembre avoisinait les 22.000, 275 furent cependant employés par des fermiers locaux de manière saisonnière, 175 travaillèrent aux cimenteries d'Obourg et d'Harmignies, et quelques petites équipes furent engagées épisodiquement par des industriels régionaux. Malgré cela, il restait en permanence au camp un très grand nombre de prisonniers incapables de travailler. Pour améliorer leurs conditions de détention, il fut envisagé de construire des baraquements. Seuls les P.G. les plus robustes et les P.G. sous-officiers réfractaires, ainsi que la section de discipline resteraient sous tente. Car il y avait une section disciplinaire à Erbisoeul ! Mais il faut avouer qu'elle ne fut pas fort fréquentée. Il arriva cependant que certains essaient de s'évader. Eh oui, allez comprendre : pendant quatre ans, alors que tout le monde espérait les voir partir, les soldats de la Wehrmacht se sont incrustés chez nous. Et maintenant que nous leur offrions le gîte et le couvert, certains ne rêvaient plus que de partir. Les gens sont vraiment bizarres ! On a dénombré quelques 4.000 tentatives d'évasion dont près de la moitié a réussi !
Il faut noter qu'à partir de mars 1946, dès que s'est répandu le bruit que la décision de rapatrier les prisonniers de guerre avait été évoquée, le nombre de tentatives d'évasion s'est considérablement réduit.

Source : http://home.arcor.de/kriegsgefangene/belgium/zeichnungen1.html Pour quelles raisons nos hôtes voulaient-ils donc nous quitter ? Les raisons le plus souvent invoquées étaient le froid et la faim. Les prisonniers n'avaient en général que les vêtements qu'ils portaient sur eux, encore étaient-ils plus qu'usés et ne supportaient même plus d'être lessivés sous peine de tomber en lambeaux. Si d'aventure quelqu'un avait eu quelque vêtement de rechange au moment de son arrivée, il l'avait bien vite échangé auprès d'un gardien contre un supplément de nourriture ou une cigarette. La plupart n'avaient même pas de vêtements de travail et les mineurs descendaient au fond de la mine protégés par un simple chapeau de paille tressée en guise de casque.
Quant à la faim, elle pouvait probablement se justifier car les Autorités n'accordaient pas assez de crédits pour acheter de la nourriture en quantité suffisante. Pourtant, l'argent rentrait, car les employeurs payaient la main d'oeuvre qui leur était fournie, mais les responsables des camps n'en recevaient qu'un faible pourcentage ; aussi, après avoir nourri en priorité les travailleurs, ne restait-il que de maigres rations à distribuer aux inactifs. A cela venaient s'ajouter des conditions d'hygiène déplorables. Les fosses d'aisance étaient des trous de deux mètres de diamètre et de deux mètres de profondeurs sur les bords desquels les prisonniers devaient s'accroupir pour se soulager. Il arriva, paraît-il, que certains perdent l'équilibre et… plouf ! sous l'oeil goguenard des gardiens.
Ajoutons à cela que les prisonniers n'avaient aucun loisir et qu'ils ne pouvaient correspondre avec leur famille que très parcimonieusement : deux lettres de vingt-quatre lignes et deux cartes de sept lignes chaque mois, avec interdiction de parler de l'endroit où ils se trouvaient, des conditions de vie au camp, d'utiliser des codes, etc. Le tout soumis à une censure sévère. Tout manquement à ces règles était susceptible d'entraîner une punition.
Les lettres écrites par le docteur Johannes Lange, médecin du camp d'Erbisoeul, nous donne une idée assez précise de la situation sanitaire au début de 1946.

WM/TJ 20.6.46

Au Comite International de la Croix-Rouge

G E N E V E

Suisse.

Je vous transmets, ci-joint, les résultats d'un examen de l'état de santé et du poids des prisonniers de guerre du camp d'Erbisoeul, Cage C.

La diminution de poids de 21.5% des prisonniers de guerre a pris des proportions si menaçantes qu'on est fondé à envisager la possibilité d'une situation pouvant devenir catastrophique.

Il y a peut-être lieu d'espérer de la part de la Croix-Rouge de Genève, ceci avec le concours des Autorités belges, une aide susceptible d'éviter une aussi triste issue.
(sig.) Johannes Lange
Médecin Major
- - - - -
Erbisoeul, 2.6.1946

Cage C Médecin de camp
Dr. Johannes Lange
Médecin Major

Au Commandant du C.C.P.

E r b i s o e u l

Ref. Ordre de camp No.1050 du 28.1.1946

Concerne : état sanitaire des prisonniers de guerre du Cage C.

état général
Sur un effectif de 1842 prisonniers de guerre, 1341 ont été examinés médicalement et sur ce nombre 216, soit le 21,5% ont présenté des symptômes dénotant un état de santé d'une extrême gravité (cachexie avancée).

Les constatations suivantes ont été faites:

Grandeur moyenne 171 cm.
Poids normal 71 kg
Poids moyen le 1.6.1946 52.6 kg
18.4 kg

Durée moyenne de captivité au C.C.P. Erbisoeul : 8 1/2 mois.

La diminution de poids est continue et a atteint, pendant les 8 dernières semaines, 3,1 kg. en moyenne.

Poids le 3.4.46 55,6 kg.
Poids le 1.6.46 52.6 kg.


En ce qui concerne la perte de poids des prisonniers de guerre, les chiffres maxima relevés ont été les suivants :

Grandeur Poids Diminution de Poids
182 cm. 53 kg. 29 kg.
160 cm. 39 kg. 21 kg.

Sans une intervention immédiate et sans une répartition de rations supplémentaires aux prisonniers atteints de sous-alimentation, la situation empirera rapidement et il faudra même compter avec une forte proportion de mortalité.

La force de résistance des prisonniers contre la maladie est épuisée et, par exemple, une épidémie d'entérite pendant les mois d'été prendrait des proportions excessivement graves.

Propreté

En ce qui concerne l'hygiène individuelle et la propreté des prisonniers, il n'y a aucune observation défavorable à faire.

Dans de nombreux cas, les sous-vêtements ont été trouvés dans un état lamentable et si usés que ces vêtements n'avaient même pas pu supporter un nettoyage. Quelquefois, les prisonniers ne possédaient même pas de sous-vêtements.

Maladies infectieuses

A part, quelques cas de gale infectieuse, nous n'avons pas constaté, avec les moyens mis à notre disposition, d'autres maladies contagieuses.

(sig.) Johannes Lange
Médecin de camp

Entre temps, plus exactement le 17 avril 1946, le camp d'Erbisoeul avait été détaché du C.R.C.P. Borinage et placé sous le commandement du Major de Marneffe. Il était devenu une unité autonome, dépendant directement du Commandement Supérieur des Camps de Prisonniers de guerre (C.S.C.P.) Le 1er juillet 1946, le Major Balaince en prit le commandement. Sous la pression de la Croix-Rouge, il est vrai, les mesures nécessaires allaient être prises. Une cage spéciale allait être créée comportant dix-sept baraques pouvant abriter près de 2.000 hommes. Dès juillet 1946, la mise en service d'un hôpital de vingt-cinq lits pour P.G. a été décidée ; il a été opérationnel au mois de novembre. Le personnel médical était fourni par le personnel protégé allemand, sous la direction d'un médecin militaire belge. Le nombre de lits a ensuite été porté à cinq cents, différents services ont été créés, tels l'installation complète des services de radiologie et de dentisterie, une salle d'opération et, parallèlement, des installations sanitaires, une buanderie, des douches, un service de désinfection, une chapelle, une morgue et les ateliers où l'on trouvait tailleur, cordonnier, menuisier, ferblantier, etc.

Source : www.clham.org/050520.htm#Les P(0)W   (monsieur Pirnay)

D'autre part, le camp d' Erbisoeul, après avoir été un camp d'arrivées massives, était à présent en voie de devenir un camp de rapatriement, ce qui impliquait la mise en place d'un dispositif tout différent de celui qu'il avait connu jusqu'alors. On commença à y emmagasiner le matériel des camps fermés ou en voie de dissolution. La section Génie du camp devint le dépôt des baraquements démontés. On y entassait des montagnes de fils barbelés, des tonnes de piquets de clôtures, du matériel culinaire, les tentes inemployées, etc. 
Tant que le camp avait été sous l'autorité du C.R.C.P. Borinage, l'entretien du charroi ne s'y faisait que pour les réparations de peu d'importance. Par la suite, tous les types de réparations pouvaient être effectuées, y compris les rectifications des moteurs, les travaux de carrosseries, de peinture, etc. Entretiens et réparations étaient également effectués pour d'autres camps, ainsi que pour le Ministère de la Défense nationale, le C.S.C.P. de Bruxelles, SEDICHAR , etc.

Le projet de rapatriement du 18 mars 1946 avait été approuvé le 31 octobre 1946 par le gouvernement. Ceux-ci commencèrent en mai 1947. Grâce aux fichiers parfaitement tenus, les travaux préparatoires et l'exécution de ces départs ont pu être réalisés dans des délais remarquablement courts : le 15 mai 1947, 10.000 hommes ; le 15 juin 1947, 12.000 hommes ; le 15 juillet 1947, 11.000 hommes , en août et septembre 1947: 7.000 hommes. 3.500 prisonniers restèrent encore après cette date et purent partir au fur et à mesure que la dissolution des camps était terminée, mais de toute façon avant la fin de l'année.
Entre le 8 mai 1945 et la fin 1947, on eut à déplorer 454 décès parmi les prisonniers, dont nonante trois à Erbisoeul, le plus souvent pour cause de maladie ou d'accidents. Les corps ont été inhumés au cimetière de Ghlin.

Annexes


Annexe 1. 
Tableau des ouvertures des 41 camps belges par ordre chronologique


Date Lieu Capacité Sigle LB=Limbourg, CH=Charleroi,
BO=Borinage, CE=La Louvière,
LG=Liège

12/05 Houthalen 1.300 LB III
12/05 Waterschei 3.000 LB V
12/05 Zwartberg 3.000 LB VI
12/05 Eisden 3.000 LB VII

28/07 Erbisoeul 52.000 BO VI

03/08 Zolder 1.500 LB II
08/08 Beringen 1.800 LB I
15/08 Winterslag 1.700 LB IV

06/08 Cheratte 600 LG V
06/08 Wandre 700 LG VI

29/08 Chapelle-lez-Herl. 400 CE IV

03/09 Tertre 800 BO I
03/09 Hensies 1.300 BO II
03/09 Boussu 1.100 BO III
03/09 Wasmes 1.700 BO IV
03/09 Flénu 3.000 BO V

03/09 Fontaine l'Evêque 2.000 CH 1
03/09 Marchienne-au-Pont 2.100 CH II
03/09 Lodelinsart 1.200 CH III
03/09 Marcinelle 1.100 CH IV
03/09 Fleurus 1.600 CH V 
03/09 Châtelineau 4.500 CH VI

05/09 Maurage 4.000 CE I
05/09 Ressaix 1.000 CE II
05/09 Mariemont 1.500 CE III

07/09 Ans 2.000 LG 1
07/09 Vottem 2.000 LG II
07/09 Jemeppe/Meuse 800 LG III
07/09 Tilleur 1.400 LG IV
07/09 Fléron 1.500 LG VII
07/09 Seraing 1.100 LG VIII

13/11 Bois d'Avroy 700 LG IX

Il faut ajouter à cela les camps forestiers (FO) des Ardennes, appelés 'Forstlagern', qui traitaient le bois nécessaire aux galeries de mines.
A partir de mai 1946, tous ces camps étaient sous le Commandement Régional des Camps de Prisonniers Forestiers (C.R.C.P./FO) de Marche-en-Famenne.
Il y eut 1.617 prisonniers mis au travail dans ce secteur.
Un camp qui avait été prévu à La Roche ne fut jamais ouvert.

20/03 Elsenborn 600 FO VI
24/05 Andenne 500 FO II
28/09 Poix-St-Hubert 1.000 FO III
28/09 Vielsalm 1.000 FO V
22/12 Couvin 500 FO I

Il y eut aussi des camps de déminage (DE), mais en vertu des Conventions de Genève, ils ne pouvaient pas officiellement être des camps de prisonniers. C'est pour cette raison que les Allemands affectés à ce travail dangereux étaient déclarés comme 'Surrendered Enemy Personnel' ou 'Disarmed Enemy Forces". 
Sur 1.560 hommes qui y ont été affectés, 22 ont été tués.

31/08 Jabbeke 400 DE I
08/08 Wenduine 850 DE II
15/10 Kalmthout 350 DE III

Ces camps ne furent dissous qu'au printemps de 1948.

Annexe 2. Plan du camp POW 26 (Erbisoeul)

="Source

Annexe 3. Abréviations utilisées :

B.E.M : Breveté d'État-Major
C.C.P. : Commandement des Camps de Prisonniers
C.C.P.W.E. : Continental Central Prisoners of War Enclosures
C.R.C.P. : Commandement Régional des Camps de Prisonniers
C.R.C.P.F. : Commandement Régional des Camps de Prisonniers Forestiers
C.S.C.P. : Commandement Supérieur des Camps de Prisonniers
P.G. : Prisonnier de Guerre
P.O.W : Prisoner of War

Sources :

ARCHIVES :
L'inventaire qui servit à Odon Vanderkel pour rédiger sa notice sur l'Historique du Camp de Prisonniers d'Erbisoeul à la page 59 de sa plaquette intitulée Erbisoeul et sa petite Histoire, s.l., s.d. :
Inventarissen van het Archivefonds 'Duitse krijgsgevangenen in Belgie, 1945-1948', 
par J.-M. Duvosquel, dossier A52, Fond 13 - Bundel 63 - Musée de l'Armée, Parc du Cinquantenaire, Bruxelles.

Inventaire des archives du camp de prisonniers d'Erbisœul (1945) / L. Honnoré
BE-A0524_712031_712397_FRE
Numéro de l'instrument: BE-A0524 / AEM.06.031
Archives générales du Royaume 2010
Description du fonds d'archives :
Identification de l'inventaire BE-A0524 / AEM.06.031
Nom du bloc d'archives : camp de prisonniers d'Erbisoeul
Période: 1945
Rubrique Services extérieurs. National. Justice (K0_6)
Dépôt d'archives: Archives de l'État à Mons
WEBOGRAPHIE :
On consultera également quelques sites intéressants, surtout ceux relatant des témoignages de prisonniers allemands.

Les Bataillons de Fusiliers belges

The Watch Battaillons and the Units for Administration of POW's 1945 - 1948 (in English… of course !) :


Témoignages allemands :
La Heer et la Waffen_ss/interview_de_kurt_tschirr(en français)
Témoignage d'un prisonnier allemand (en anglais)
Un site très complet (en allemand et en anglais)

CRéDITS ICONOGRAPHIQUES :
Les crayons ont été dessinés par des prisonniers pendant leur détention :
E. Schaar, au camp d'Erbisoeul : 'le panneau d'affichage' et 'les tentes' ;
G. Trommer au camp de Maurage (CE I) : 'le transport de nourriture' ;
S. Esslinger au camp de Vottem (LG II) : 'le mirador'.
Ces dessins proviennent du site http://home.arcor.de/kriegsgefangen/

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